btnRetour.gif                                                                 6 – DES MOTS DES VERS DES RIMES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il y a pour vous jeunes gens toujours une guerre où partir

…Un monde à conquérir autrement que par le canon

Un monde où l’on peut appeler toutes les choses par leur nom

Un monde à la taille de l’homme et de sa violence

Où tous les mots de l’homme entre la vie et la mort ont choisi

Je réclame dans ce monde-là la place de la poésie…

 

(Aragon, Les Poètes, La nuit des jeunes gens VIII)

 

 

 

 


 

 

 

 

 

                      CHASSE A COURRE

 

                               mars 1995

A l’orée d’un bois

Un cerf aux abois

Boit dans un étang

Tant qu’il n’entend pas

A cent pas de là

Des chiens furieux haletants

 

Des chiens qui aboient

Des chiens qui accourent

Pour une chasse à courre

D’un autre temps

Des chiens sur ses traces

Des chiens qui le chassent

Sous un soleil éclatant

 

Comment être pour

Cet odieux parcours

Du cœur battant

Où le cerf luttant

Seul contre la meute

Seul contre le meurtre

Sort toujours perdant

 

Sourd au son du cor

Le cerf boit encore

Sans savoir que la mort l’attend

Une mort horrible

Une mort terrible

Mais se sauvera-t-il à temps

 

Avant sacrilège

D’être pris au piège

De ce cortège ambulant

Et qu’à bout de course

Les hommes à ses trousses

L’exécutent à bout portant

 

Quand l’étau se resserre

Que peut faire le cerf

Mourir au printemps

Mort contre nature

Contre une clôture

Mort d’épuisement

 

Honteuse parade

Odieuse mascarade

D’un temps révolu

Cynique spectacle

D’une bête qu’on traque

Et qui n’en peut plus

 

Y a pas de miracle

Au dernier obstacle

La bête s’est tue

Sans même que la horde

De chiens lui accorde

Le moindre salut

 

Comment être pour

Cet odieux parcours

Du cœur battant

Comment être pour

Cette chasse à courre

A court d’arguments

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un clou par ici

Un clou par là

Un clou pour ceci

Un clou pour cela

 

Un petit coup de ciseau

Un petit bout de bois

Un petit coup de marteau

Et pas sur les doigts

Ah

        

          (Brel, Chanson de Cow-boy)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

SAVEZ -VOUS PLANTER DES CLOUS

      

                            septembre 2003

 

Savez-vous planter des clous

A la mode à la mode

Savez-vous planter des clous

A la mode de chez nous

 

On les plante en faisant un trou

C’est commode c’est commode

Un trou plus grand que le clou

A la mode de chez nous

 

A chacun je vous l’avoue

Sa méthode sa méthode

Mais faut vraiment être fou

Pour les planter du genou

 

Même un peu marteau je crois

Par période par période

Pour les planter du genou

Sans même se servir de ses doigts

 

Savez-vous planter des clous

A la mode à la mode

Savez-vous planter des clous

A la mode de chez moi

 

Je me plante devant le clou

Qui me taraude qui me taraude

Je me plante devant le clou

Et je ne fais rien du tout

 

Car je ne vaux pas un clou

Pas commode pas commode

Car je ne vaux pas un clou

Pas commode d’être avec moi

 

Faire sortir le clou du bois

Qui s’érode qui s’érode

Faire sortir le clou du bois

Ca n’est pas non plus  pour moi

 

Mais le clou de cette histoire

A la mode à la mode

Mais le clou de cette histoire

A la mode de chez nous

 

C’est qu’il vaut mieux un plantoir

C’est commode c’est commode

C’est qu’il vaut mieux un plantoir

Pour planter les choux de chez nous

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La poésie c’est mon dada

Mon dada mon dada…

On peut me traiter de fada

De fêlé, de marteau

La poésie c’est mon dada…

Ma devise, mon credo

 

(Nougaro, Don Quichotte et Sancho)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LA PROCHAINE CANICULE

 

                                             septembre 2003

 

Même si son dernier jour approche

Même si elle vit au ralenti

Même si elle s’agrippe elle s’accroche

Comme une mère à ses petits

 

Pousse pas mémère vers la sortie

 

Pousse pas mémère dans les orties

La pousser serait plutôt moche

Car si le choc n’est pas amorti

Il se pourrait que la mort la fauche

 

Allons allons ne sois pas ridicule

Pousse pas mémère vers la sortie

Attends plutôt la prochaine canicule

Là son départ est garanti

 

Même si son dernier souffle est proche

Même si sa fin est pressentie

Même si elle sent bien que ça cloche

Et que ça sent même le roussi

 

Pousse pas mémère vers la sortie

 

Pousse pas mémère dans les orties

Elle a plus d’un tour dans sa poche

Et son tour serait réussi

Si c’est toi qui tournes l’arme à gauche

 

Allons allons ne sois pas ridicule

Pousse pas mémère vers la sortie

Attends plutôt la prochaine canicule

Là son départ est garanti

 

Même si parfois elle décaroge 

Si le temps qui lui est imparti

Au fil des secondes s’effiloche

Et qu’elle s’éteint petit à petit

 

Pousse pas mémère vers la sortie

 

Pousse pas mémère dans les orties

Ca coule de source comme de l’eau de roche

Quand tu la pousses tu te pousses aussi

Et ton heure aussi se rapproche

 

  

 


 


 

 

Je hais les haies

Qui sont des murs

Je hais les haies

Et les mûriers

Qui font la haie

Le long des murs

 

Je hais les haies

Qui sont de houx

 

Je hais les haies

Qu’elles soient de mûres

Qu’elles soient de houx

 

Je hais les murs

Qu’ils soient en dur

Qu’ils soient en mou

 

Je hais les haies

Qui nous emmurent

 

Je hais les haies

Qui sont en nous

 

       (hommage à Devos, Matière à rire)

 

 

 

 

 

 

JE PRENDS MON PIED A FAIRE DES VERS

 

                                          juin 2002

 

 

Moi je prends mon pied à faire des vers

Printemps été automne hiver

J’en fais depuis la nuit des temps

Si ça t’ennuie moi ça me détend

Et j’en ferai même en enfer

Quand je croiserai le fer avec Satan

Avec le diable ou Lucifer

Si Lucifer d’ailleurs m’attend

 

Moi je prends mon pied à faire des vers

J’en fais depuis que je suis né

En long en large et en travers

J’en fais à longueur de journée

Vers  à l’endroit vers à l’envers

Prends  donc un vers c’est ma tournée

 

Vers futiles et vers dérisoires

Vers utiles et vers accessoires

Moi je prends mon pied à faire des vers

J’espère au moins que ça se voie

Je persiste et je persévère

Depuis toujours dans cette voie

 

En vers en vers et contre tous

L’écriture est ma drogue douce

Je noircis des bouts de papier

A copier et à recopier

Sur des agendas quadrillés

Ou sur des pages de cahier

Des vers estampillés Lécaillé

Ciselés taillés et travaillés

 

Moi je prends mon pied à faire des vers

C’est un de mes plus grands bonheurs

Mais pour me tirer les vers du nez

Il faut se lever de bonne heure

Même quand j’ai un verre dans le nez

Même de bonne heure c’est pas gagné

 

Moi je prends mon pied à faire des vers

Printemps été automne hiver

Automne hiver printemps été

Je n’écris rien qui n’ait été

Déjà  écrit seuls les mots changent

Et la façon dont on les range

Tout se tient et tout se mélange

 

Moi je prends mon pied à faire des vers

Sur les sujets les plus divers

J’écris sur le temps et l’espace

Sur les mystères de l’univers

Sur l’homme et sur la vie qui passe

Avec ses joies et ses revers

 

Mes idées ne sont pas nouvelles

Les thèmes abordés pas nouveaux

Rien de nouveau que je révèle

Pas de nouvelle à ce niveau

Je triture un peu ma cervelle

Je mixture un peu mon cerveau

Et lorsque les mots s’échevèlent

Je libère alors les chevaux

 

Je taquine la Muse plus qu’il ne faut

Je la séduis je la provoque

Je démêle parfois le vrai du faux

En suscitant les équivoques

Je ruse je m’amuse avec les mots

Et les mots fusent et s’entrechoquent

Ceux qui m’accusent de tous les maux

Je les excuse même s’ils s’en moquent

Moi je prends mon pied à faire des vers

J’en fais depuis l’âge de treize ans

Pour avoir très tôt découvert

Ami chemin chemin faisant

Aragon Baudelaire ou Prévert

Et j’en fais encore à présent

Et j’en ferai même en enfer

Quand je croiserai le fer avec Satan

Car c’est mon paradis d’en faire

Et ce à quoi le diable s’attend

 

Moi je prends mon pied à faire des vers

Je les aligne vers après vers

Petit verre des condamnés

Est-ce que c’est pour cette année

Le ciel déjà prend goût de terre

Puisqu’on est des morts sursitaires

Tous les calculs que nous  ferons

Auront une balle en plein front

Savez-vous de qui sont ces vers

Ces vers sont signés Aragon

Soyez pour les miens moins sévères

Je suis loin d’être son second

 

A force d’aligner les vers

Un jour les vers m’aligneront

Quand je serai nu comme un ver

Au fond d’un trou d’un trou profond

Ils me troueront comme un fruit vert

Ils me rongeront jusqu’au trognon

Quand je serai six pieds sous terre

Plus silencieux et solitaire

Que l’est le ver du même nom

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J’ai demandé la poésie au fond d’un verre

Et la soif ne m’est point passée

J’ai demandé la poésie à toutes les portes

On m’a dit Madame est sortie

 

                     (Aragon, Les Poètes)

 

 

 

 

Madame promène son cul sur les remparts de Varsovie

 

                     (Brel, Les Remparts de Varsovie)

 

 

 

 

Ami remplis mon verre

Encore un et je vas

Encore un et je vais

Non je ne pleure pas

Je chante et je suis gai

Mais j’ai mal d’être moi

 

                     (Brel, L’Ivrogne)

 

 

 

 


 

 

Je suis bourré bourré bourré de bonnes intentions

J’ai trouvé du boulot ho ! Marie-Christine

C’est sérieux j’ai balancé mon dictionnaire de rimes

Je n’écris plus de chansons, non, je travaille pour de bon

 

              (Nougaro, Je suis sous)

 

 

 

 

J’ai retrouvé Titine

Que je ne trouvais plus

J’aimerais que vous la voyiez

Titine elle est en or

 

              (Brel, Titine)

 

 

 

 

 

 
ROND

 

juin 2002

 

Moi je suis rond

Complètement rond

Rond comme une bille comme une queue de pelle

A ne plus savoir comment je m’appelle

Et baver des ronds de chapeau

En prêchant  trop pour ma chapelle

 

Moi je suis rond

Complètement rond

A tenir la queue de la poêle

Et trouver la vie plutôt belle

 

Même si le monde ne tourne pas rond

Dieu que la vie peut être belle

Bien des êtres vous le diront

Même les âmes les plus rebelles

 

Dieu que la vie peut être  belle

 

Moi je suis rond

Complètement rond

A vouloir te rouler une pelle

A t’en rouler même à la pelle

Et t’en rouler même de plus belles

J’attends vraiment que tu m’appelles

 

Je plie je plie

Mais jamais je ne romps

Même si parfois moi je chancelle

 

Je plante en ta faveur cet arbre de Cybèle

Ce pin, où les honneurs se liront tous les jours

J’ai gravé sur le tronc nos noms et nos amours

Qui croîtront à l’envi de l’écorce nouvelle

(Ronsard)

 

Moi je suis soûl pour pas un rond

Moi je suis rond pour pas un sou

Soûl comme un âne comme une bourrique

Comme une grive comme une tique

A rouler même dessous la table

Dans un état très lamentable

Et rouler même de plus belle

En attendant que tu m’appelles

 

Dieu que la vie peut être belle

 

Moi je suis plein

Plein comme un œuf

Et neuf tout neuf

Comme un sou neuf

Complètement soûl en dessous de tout

D’avoir trop bu bu comme un trou

 

A dire des trucs sans queue ni tête

Des trucs vraiment de rien du tout

Et à chanter même à tue tête

Ici et là et n’importe où

 

Dieu que la vie peut être belle

 

Plus belle encore quand tu m’appelles

 

 

 

 

 

 

 

Le vent dans tes cheveux blonds

Le soleil à l’horizon

Quelques mots d’une chanson

Que c’est beau c’est beau la vie

 

                (Ferrat, C’est beau la vie)

 

 

Si tu veux mon avis, mon avis sur la vie

La vie ça serait marrant si y avait pas la vie

Qui vous coince toujours dans ses vallées de larmes

Si l’on en crevait pas la vie aurait du charme

La vie ça serait marrant si y avait pas la vie

 

                (Nougaro, Je ne suis pas de mon avis)

 

 

La mer qui vient et puis qui va

La nuit qui fait gris tous les chats

 

Le jour qui traîne comme un chien

 

L’oiseau qui trouve son manger

A la barbe du boulanger

C’est la vie

 

                (Ferré, C’est la vie)

 

 

J’aime la vie quand elle rime à quelque chose

J’aime les épines quand elles riment avec les roses

Rimons rimons tous les d eux

Rimons rimons si tu veux

 

Même si c’est pas des rimes riches

Arrimons-nous on s’en fiche

 

                (Nougaro, Rimes)

 

 

 

 

Je parle à haute voix le langage des vers

Comme si je faisais l’essai de ma folie

 

D’où me vient ce goût puéril et pervers

D’où me viennent les mots que je lie et délie

 

                   (Aragon, Les Poètes)

 

 

 

Les mots divins, les mots en vain…

 

Les mots pour rire, les mots d’amour

Les mots bruissant comme des rameaux

Les mots ciselés comme des émaux…

 

Les mots bouclés, clés de l’espace

Les mots oiseaux qui laissent des traces

 

Les mots qui tuent, les mots qui muent…

Les mots pâlis, les mots salis…

 

Les mots divins, les mots devins

Les premiers mots

La fin des maux

 

(Nougaro, Les Mots)

 

 

 

 

 

 

 

Moi

 

Je voudrais des mots pour toi

Des mots que j’inventerai dans mes doigts

Des mots que je dirai peut-être

Comme un chien en baissant la tête

 

Je voudrais des mots qui taillent qui t’aillent

Droit dans le cœur comme une entaille

Je voudrais des mots à te faire envie

Des mots dont on ne s’est jamais servi

 

Je voudrais des mots qui te touchent

De près des mots que j’inventerai sur ta bouche

Je voudrais des mots silencieux

Aussi précieux que tes grands yeux

 

Je voudrais des mots que je sois seul à connaître

Des mots démodés pour me compromettre

 

Je voudrais des mots ferréiques

Des mots musique des mots magiques

Des mots d’émotion qui se créent

Dans des désirs plaisirs secrets

 

Je voudrais des mots des mots de passe

Ceux qu’on dit même vois-tu m’aimes à voix basse

Des mots comme tu voudras

Qui soient le sésame de tes draps

 

Je voudrais des mots pareils

A ceux de Léo qui dansent dans nos oreilles

Léo du Hurlement

Je voudrais des mots

 

     (Des Mots, extrait de Légitime Défiance)

 

 

 

Des mots

Qui t’envahiraient comme la lumière

Des mots

Qui montent de la terre

Comme des oiseaux tristes

 

                (Ferré, Des Mots)

 

 

Des mots oui des mots comme le nouveau Monde

Des mots venus de l’autre côté de la rive

 

(Ferré, Le Chien)

 

 

Tous les mots qui jamais ne viennent

Les mots qu’on remet à demain

De serrer ma main dans la tienne

Longuement simplement ma main

 

(Aragon, Le Roman inachevé)

 

 

Y a rien de plus qui ne me tienne

Que cet amour hors du commun

 

 

Je (te) dirai des mots d’amour

Des mots de rien de tous les jours

Les mots du pire et du meilleur

Et puis des mots venus d’ailleurs

Je  (te) dirai que je t’aimais

 

                 (Ferré, L’Amour Fou)

 

 

 

Une nuit que j’étais peut-être

Un peu plus à toi que jamais

Et de moi-même un peu moins maître…

 

                 (Aragon, Le Fou d’Elsa)

 

 

Moi je t’ai dit que je t’aimais

 

 

Aimer à perdre la raison

Aimer à n’en savoir que dire

A n’avoir que toi d’horizon

Et ne connaître de saison

Que par la douleur du partir

    

         (Aragon, Le Fou d’Elsa)

 

 

Aimer jusqu’à la déchirure

Aimer même trop même mal

 

                (Brel, La Quête)

 

 

Les mots d’amour c’est comme les fleurs

Ca ne se cueille qu’une fois

Je t’aime un peu de tout mon coeur

Et je m’effeuille entre tes doigts

 

                 (Ferré, La Fleur de l’Age)

 

 

Les mots que nous avons cueillis

Les voici pour celui qui meurt

Passent les gens et tu demeures

O Poète de mon pays      

 

                 (Aragon, Les Poètes)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un poète est celui qui fait des poèmes

Un poème a la forme que prend la poésie

Mais qu’est-ce que c’est qu’est-ce que c’est la poésie

 

Cette chose en moi cette chose en dehors de moi

 

(Aragon, Les Poètes, Ce que dit le troisième)

 

 

 

Le poème est en moi comme une pitié sage

Qui relate l’amour d’un prochain de hasard

 

                     (Ferré, Les Mendiants d’Avoine)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On cherchait un abri sous l’orage qui cogne

Le ciel pleuvait des larmes, tu pleurais de la pluie

Pas l’ombre d’un palais, pas même un hôtel borgne

Allons donc chez le diable ! Il n’était pas chez lui

 

O Eve, Eve, mon petit

Te souviens-tu du paradis

 

              (Nougaro, Le Paradis)

 

 

 

Un petit coin de parapluie

Contre un coin de paradis,

Elle avait quelque chose d’un ange

Un petit coin de paradis

Contre un coin de parapluie

Je ne perdrais pas au change, pardi

 

(Brassens, Le Parapluie)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vive l’Alexandrin

Sois sage ô ma douleur et tiens-toi plus tranquille »

Fais couler de mes yeux quelques larmes fertiles

Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes

La bête aux douze pieds qui marche sur la tête

 

              (Nougaro, Vive l’Alexandrin)

 

On sourira de nous pour le meilleur de l’âme

On sourira de nous d’avoir aimé la flamme

Au point d’en devenir nous-mêmes l’aliment

Et comme il est facile après coup de conclure

Contre la main brûlée en voyant la brûlure

On sourira de nous pour notre dévouement

 

(Aragon, Le Roman inachevé)

 

Le jeune homme harassé déchirait ses cheveux

Le jeune homme hérissé arrachait sa chemise :

«Camarade ma peau est-elle encore de mise

Et dedans mon cœur seul ne fait-il pas vieux jeu ? »

 

              (Nougaro, Paris Mai)

 

Aux anges de Cocteau elle avait pris des airs

Fontaine jaillissant au plus sec du désert

 

              (Nougaro, Cote d’Azur)

 

Mon caveau de famille hélas n’est pas tout neuf

Vulgairement parlant il est plein comme un œuf

Et d’ici que quelqu’un n’en sorte

Il risque de se faire tard et  je ne peux

Dire à ces braves gens poussez vous donc un peu

Place aux jeunes en quelque sorte

 

               (Brassens, Supplique…)

 

J’en appelle à la mort, je l’attends sans frayeur,

Je ne tiens plus à la vie, je cherche un fossoyeur

Qui aurait une tombe à vendre à n’importe quel prix :

J’ai surpris ma maîtresse au bras de son mari,

Ma maîtresse, la traîtresse !

Où donc avais-je les yeux ? Quoi donc avais-je dedans ?

Pour pas m’être aperçu depuis un certain temps

Que quand elle m’embrassait, elle semblait moins goulue

Et faisait des enfants qui ne me ressemblaient plus.

Ma maîtresse, la traîtresse !

              (Brassens, La Traîtresse)

 

Comme elle n’aime pas beaucoup la solitude,

Cependant que je pêche et que je m’ennoblis,

Ma femme sacrifie à sa vieille habitude

De faire à tout venant les honneurs de mon lit…

 

Partagé sa moitié, est-ce que cela comporte

Que l’on partage aussi la chère et la boisson ?

Je suis presque obligé de les mettre à la porte,

Et bien content s’ils n’emportent pas mes poissons…

              (Brassens, Le Cocu)

 

Misogynie à part, le sage avait raison

Il y a les emmerdantes on en trouve à foison

En foule elles se pressent

Il y a les emmerdeuses, un peu plus raffinées

Et puis, très nettement, au-dessus du panier,

Y a les emmerderesses

 

La mienne, à elle seule, sur toutes surenchérit

Elle relève à la fois des trois catégories

              (Brassens, Misogynie à part)

 

Avec Brassens

La rime est très

Millimétrée

 

 

 

 

 

 

 

 

En quoi vraiment est-ce un poète…

Etrange appellation non contrôlée…

L’âne

C’est un poète vous voyez bien que c’est un poète

D’une poésie absolument amicale un jeune chien de poète

 

(Aragon, Les Poètes)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

JE NE SUIS PAS POETE

                                         

mai 2004

 

La Terre est bleue comme une orange

Le poète est un être étrange

Qui voit le monde comme ça l’arrange

 

Moi je ne suis pas poète

J’écris des textes

Des textes à lire et à chanter

 

Le poète c’est celui qui change

 

Un trait de lumière en trait d’esprit

Un coup de maître en coup de génie

Un grain de beauté en grain de folie

 

Le poète veille au grain

Prend sa part de chagrin

Moi je ne veille sur rien

 

Je vis je lis j’écris

Je pleure je râle je ris

Je chiale je gueule je crie

 

Cris de joie ou cris de colère

Les pieds sur terre la tête en l’air

 

Je vague-à-l’âme je vagabonde

En posant mes yeux sur le monde

 

Le poète est un être étrange

Un petit piaf entre deux mésanges

Qui entend rire parfois des anges

 

Moi je ne suis pas poète

J’écris des textes

Des textes à lire et à chanter

 

Le poète est un être étrange

Tu lui poses un…

Lapin

Il te soulève

Un… lièvre

 

Le poète c’est celui qui change

 

Un coin de parapluie

En coin de paradis

Une étincelle en incendie

 

Avec un brin de fantaisie

Avec un brin de poésie

 

En poésie la grâce la classe

C’est le bon mot à la bonne place

 

Moi ma place

J’essaie de la prendre comme je peux

 

Dans cette vie qui passe

 

Inexorablement

Irrémédiablement

 

Je limite la casse

Je fais ce que je peux

Et parfois je peux peu

 

 

Je vais je vas je viens

Je vois j’entends j’écoute

Je ne suis sûr de rien

Je crois je crains je doute

 

Et quand je ne sais pas

Je donne ma langue au chat

A force de la donner

 

J’ai un chat dans la gorge

 

Faut pas s’en étonner

 

 

J’apprends j’aspire j’espère

Je joue je gagne je perds

 

 

Y en a qui meurent d’envie de vivre une autre vie

Et qui baissent les bras sous le poids des contraintes

Et qui crèvent à petit feu pour avoir trop suivi

Les chemins de l’ennui et des nuits sans étreinte

 

Y en qui trouvent toujours le moyen de se punir

En sachant bien pourtant que l’avenir va mal finir

 

 

Moi

 

Je vais je viens je vis

J’assouvis mes envies

A pleines mains

A pleine bouche

 

Ici et maintenant

 

Je l’aime je lorgne je louche

J’effleure je frôle je touche

Et parfois je fais mouche

 

Impératif présent

 

Je dors je bois je mange

Je vis je meurs je change

 

Enfin je me transforme

 

 

Je suis ce que je suis

Par la force des choses

Je fuis ceux qui m’ennuient

Et ce qui m’indispose

 

 

Le poète est un être étrange

Souvent à la marge à la frange

 

 

« L’étrange est que par la faveur d’une attente, d’un regard ou d’un rire- nous accédions parfois à ce huitième jour, qui commence et ne s’épuise en aucun temps. C’est dans l’espérance de telles choses que je vis, et c’est sous cette lumière que j’écris, goûtant à la beauté des jours qui s’en vont. (Bobin, Le Huitième Jour)

 

 

 

 

 

 

Le poète n’est pas toujours celui qu’on croit

 

 

 

 

 

 

 

                 CHASSEUR DE RIMES

 

                                               avril 2004

 

Pour moi tout est prétexte à textes

La vie la mort l’amour le sexe…

La rime en prime comme un réflexe

 

Alors je lime

Et je limaille

Alors je rime

Et je rimaille

 

Mots en pagaille

Marmaille de mots

Qui se chamaillent

Dans mon cerveau

 

Maille après maille

Mot après mot

 

Vaille que vaille

Coûte que coûte

Taille après taille

Coupe après coupe

 

Maître queux ou maître-tailleur

Je taille je taille avec passion

Même si l’essentiel est ailleurs

C’est ma plus saine occupation

 

       …

 

J’ai du cirage blond

Quand les blés vont blêmir

De la glace à façon

Pour glacer les soupirs

Des lèvres pour baiser

Les aubes dévêtues

Quand le givre est passé

Avec ses doigts pointus

J’ai tant d’azur dans l’âme

Qu’on n’y voit que du bleu

Quand le rouge m’enflamme

C’est moi qui suis le feu

                       (Ferré, La Poésie)

 

Où faut-il qu’on aille

Pour changer de paille

Si l’on est le feu

 

A moins qu’il ne faille

Si l’on est la paille

Fuir avec le feu

                       (Aragon, Le Roman inachevé)

 

 

C’est une fille de joie

Qui allume un feu de paille

C’est un homme de paille

Qui allume un feu de joie

 

 

Quand tout est consumé

Tout parti en fumée

A quoi sert-il Madame

De ranimer la flamme

A quoi sert-il Monsieur

De rallumer le feu

Il faut se rendre à l’é-

Vidence et s’en aller

 

 

Je ne dis pas qu’il faille

Ne pas trouver le faux

Je dis surtout qu’il faut

Ne pas chercher la faille

 

 

Chercher le rythme

Trouver le son

Moi je m’exprime

A ma façon

Avec des rimes

Et des chansons

 

Je trame je trime

Je lame je lime

Je rame je rime

Avec passion

 

C’est ma plus belle occupation

 

 

L’élégant

Met les gants

L’arrogant

N’en prend pas

 

 

Un canard

Se marre

Dans l’étang

 

Un canard

S’étend

Dans la mare

 

 

Tu salues : t’es poli !

Tu salis : tu pollues !

 

 

Cet automne

Je me suis endetté

En empruntant

A taux… divers

(Les Quatre Saisons)

 

Un Prévert :           des prévôts !

Un Queneau :        des quenelles !

Un Cocteau :          des cocktails !

Un Rimbaud :         des rebelles !

 

 

Rimbaud

Rebelle

Préfère

Se  faire

La belle

Que faire

Le beau

 

Rimbaud

Rebelle

Manque à l’appel

Quand il le faut

 

Rimbaud

Rebelle

Fuit le troupeau

Quand le troupeau

Tout heureux… bêle

 

 

Les hommes sont faits nous dit-on

Pour vivre en bandes comme les moutons

Moi je vis seul et c’est pas demain

Que je suivrai leur droit chemin

            (Brassens, La Mauvaise Herbe)

 

 

Moi pas doux doux rêveur

Moi pas mouton suiveur

Sympa

Moi pas être dans la ronde

Pas marcher comme tout le monde

Au pas

Moi quitter le navire

Moi pas vouloir servir

D’appât

Pas prendre les chemins qui mènent

A Rome pas dire Amen

Moi pas

 

       (extrait de Rien à perdre, 1986)

 

 

Au village sans prétention

J’ai mauvaise réputation

Que je me démène ou que je reste coi

Je passe pour un je-ne-sais-quoi

 

Je ne fais pourtant de tort à personne

En suivant les chemins qui ne mènent pas à Rome

 

Mais  les braves gens n’aiment pas que

L’on suive une autre route qu’eux

 

            (Brassens, La Mauvaise Réputation)

 

 

Ce n’est pas parce que

Tout le monde est d’accord que tout le monde a raison

Tout le monde peut avoir  tort et moi tout seul raison

 

            (extrait de A tort ou à raison)

 

 

           

Les prêcheurs de vertu

Les donneurs de leçons

Les qui sont convaincu

D’avoir toujours raison

Les «y a qu’à» les «faut qu’on»

Les vrais cons les faux culs

 

Ça court les rues

       (extrait de Ca court les rues)   [1]

 

 

 

Le condescendant descend des cons

C’est incontestable

 

 

Et de légions d’honneur

En donneurs de leçons

Ils sont vraiment légion

Les marchands de bonheur

Les marchands d’illusion

Qui jouent les arnaqueurs

A la moindre occasion

 

 

Je rime je rime au quotidien

Et si rimer ne rime à rien

Moi je rime et ça me fait du bien

 

 

C’est la ruée

Dans les rues et

Sur les trottoirs

 

Car chacun veut

Ecrire un peu

De cette histoire

 

Le bras levé

Faire le V

De la victoire

 

            (extrait de Mai 68)

 

 

On a fait 68 pour ne pas devenir ce que nous sommes devenus (Wolinski, Mes Aveux)

 

 

Je  ris tu ris nous rîmes

Pour le plaisir je rime

Est-ce un mal est-ce un crime

 

 

Moi je suis dans tous mes états

 

Dans un état plutôt statique

Etat stationnaire et critique

Un état même de mort clinique

 

Dans un triste état général

Etat second état final

Peut-être en phase terminale

 

Voyez voyez le résultat…

 

                (extrait de Drôle d’état)

 

 

Couci-couça

Cahin-caha

A petit feu

A petit pas

La vie s’en vient

La vie s’en va

 

Et peu à peu

Et pas à pas

On devient vieux

Et à Dieu vat

 

                             (extrait de La vie s’en va)

 

 

Mourir cela n’est rien

Mourir la belle affaire

Mais vieillir…ô vieillir

       (Brel, Vieillir)

 

 

Je rime je rime je rime

C’est la façon dont je m’exprime

 

Pour ceux qui ne pensent qu’à citer

Faut viser l’efficacité

 

Rien ne m’arrête

Pas même la cigarette

 

 

Celui qui fume pense plus à la santé de l’Etat qu’à l’état de sa santé

 

Le goudron n’est pas le meilleur produit d’entretien pour les poumons

 

Le meilleur moyen d’arrêter de fumer c’est de ne pas commencer

 

 

Dis-le moi si je mens

Mais je sens qu’on t’a miné

Avec le  jugement

Du sang contaminé

 

 

Traquer  la rime et la guetter

Avec plaisir envie gaîté

Ce défi-là peut m’exciter

 

 

Trop poli pour être honnête

Trop poète pour être honni

Trop Annie pour être Annette

Trop aneth pour être anis

 

       (extrait de Trop poli pour être honnête)

 

 

Qui bâte la bête la monte

Qui monte la bête la botte

Qui botte la bête la bute

Qui bute la bête la bloque

 

Qui bloque la bête la braque

Qui braque la bête a tort

Car quand la bête s’entête

C’est l’homme qu’elle embête

 

                   (extrait de  Qui bâte la bête la monte)

 

                      

Conjugaison belge pour les petits

 

Vous m’épatâtes

Vous vous offrîtes !

 

 

      Conjugaison belge pour les plus grands

 

Vous m’épatâtes

Vous vous offrîtes

Comme vous pûtes !

 

 

Je rime je rime je rime

Est-ce un mal est-ce un crime

Quand ça me plaît j’imprime

 

 

Un lézard fuit sur la terrasse

Le chaud soleil qui nous harasse

Mais quand retrouverai-je Arras

Son haut beffroi et ses deux Places

 

Un jeune serveur débarrasse

La table basse et la nettoie

Mais quand retrouverai-je Arras

Les vertes collines d’Artois

 

Je suis vraiment trop loin de toi

 

Un chien dont j’ignore la race

Poursuit une chienne à la trace

Mais quand retrouverai-je Arras

Son beau beffroi et ses deux Places

 

Un lézard cuit sous sa cuirasse

Un autre grimpe sur un toit

Mais quand retrouverai-je Arras

Les gens des champs et leur patois

 

Je suis vraiment trop loin de toi

 

                    (Arras, juillet 1980)

 

           

Rimes pauvres ou bien rimes riches

A la césure à l’hémistiche

Arrimons-nous deux on s’en fiche

 

 

Le lâche

Se cache

 

Le riche

S’affiche

 

Moi je me lâche

Et tu t’en fiches

 

 

J’ai les yeux grands ouverts

Devant tes yeux tout ronds

Sont-ils marron ou verts

Sont-ils verts ou marron

 

 

Mine de rien

Rien qu’à ta mine

Je sais très bien

Si tu vas bien

Ou bien si un

Petit rien te mine

 

Parfois pour rien

Pour trois fois rien

Tu fais grise mine

Et y a plus rien

Rien qui te grise

Et t’illumine

 

   (extrait de Mine de rien)

 

 

Faut être pris pour être appris

Et tel est pris qui croyait prendre

En l’apprenant t’en paies le prix

Ce qu’il faut de temps pour comprendre

 

   (extrait de Faut être pris pour être appris)

 

Au train où vont les choses

Les choses sont en train

De virer à l’eau de rose

Je veux dire en eau de boudin

Tu n’y peux pas grand-chose

 

Tu mets de l’eau dans ton vin

Elle de l’huile sur le feu

Et de l’eau à ton moulin

Mais c’est pas ce que tu veux

Tu souhaitais autre chose

 

(extrait de Au train où vont les choses)

 

T’es sur la corde raide

Sur le fil du rasoir

Croire le contraire est illusoire

Et je crains que la corde cède

 

A la moindre tension

Faut que tu fasses attention

 

   (extrait de Corde raide)

 

 

 

Est-ce un présage un mauvais signe

Peut-être un mauvais coup du sort

Mais je sens bien que ce chant du cygne

Signe-là ton arrêt de mort

 

       (extrait de Le chant du cygne)

 

 

L’amour rend aveugle ça crève les yeux

Et toi tu n’y vois que du feu

 

 

Même si l’amour

Parfois te baise

L’amour du pèze

Ne pèse pas lourd

Devant l’amour

Ne t’en déplaise

 

 

Cœur léger cœur changeant cœur lourd

Le temps de rêver est bien court

Que faut-il faire de mes  jours

Que faut-il faire de mes nuits

Je n’avais amour ni demeure

Nulle part où je vive ou meure

Je passais comme la rumeur

Je m’endormais comme le bruit

            (Aragon, Le Roman inachevé)

 

 

Tu sais

 

J’ai beau lever le pied

Et faire un pied de nez

A ceux qui tirent leur nez

De me voir prendre mon pied

 

Quand je lève trop mon verre

Et que j’ai un verre dans le nez

Celui qui sait y faire

Me les tire du nez

Je veux parler de mes vers

Vous aviez deviné

 

 

Bris de vers et de glace

Et de glace en hiver

Et bruit de verre qu’on casse

Pour un mot de travers

      

Et bras d’honneur qu’on fait

Quand y a plus rien à faire                      

Que faire ce que l’on fait

Après maints bras de fer

 

Bris de vers et de glace

Et de glace en hiver

Et bruit de verre qu’on casse

Pour des motifs divers

 

Et bras d’honneur qu’on fait

Quand y a plus rien à faire

Que de faire de l’effet

Pour se tirer d’affaire

 

   (Bris de Vers, avril 2000)

 

 

Des porte-serviettes

Aux porte-savons

 

Des portes-fenêtres

Aux portillons

 

Des portemanteaux

Aux porte-crayons

 

Des porte-drapeaux

Aux porte-avions

                                   

Ce sont toujours les mêmes qui portent

Les mêmes qui portent et qui supportent

Y en a qui portent plus qu’il ne faut

 

Moi je suis passé par une belle porte

Car moins je porte mieux je me porte

Tant pis si je suis… en porte-à-faux         

 

 (extrait de Porte-à-faux)

 

 

C’est bof c’est but c’est bite c’est bête

C’est fesse c’est foot c’est frites c’est fête

Ca pue ça pousse ça pisse ça pète

C’est con c’est cul c’est quoi c’est… mec

 

 

Le travail ça m’use

Moi je préfère vraiment

Taquiner la muse

Y a que ça qui m’amuse

Ma muse réellement

 

             (extrait de Le travail ça m’use)

 

 

Au petit jour

Sur le chemin

Des maraîchers

A Achicourt

Moi je t’ai vu

Lui faire la cour

 

A mi-chemin

Chemin faisant

Faisant du chemin

T’as pris sa main

 

A mi-parcours

T’as coupé court

A tout discours

Et fait l’amour

 

T’as fait l’amour

Et c’est humain

A mi-parcours

A mi-chemin

 

A mi-chemin

A mi-parcours

T’as fais l’amour

Et c’était bien…                                                    

 

(extrait de A mi-chemin)

 

En amour l’éternité c’est court

Ça peut durer l’espace d’un jour

                      

 

 

Toi tu me tentes

Mais dans l’attente

Je ronge mon frein

 

C’est en amour

Comme toujours

Le même refrain

 

Les mêmes désirs

Les mêmes plaisirs

Les mêmes chagrins

 

Grain de folie

Pour toute la vie

Ou bien pour rien

 

       (extrait de Grain de Folie)

 

 

Quand on aime c’est pour tout ou rien

C’est jamais tout c’est jamais rien

Ce rien qui fait sonner la vie

Comme un réveil au coin du lit

            (Ferré, Vingt ans)

 

 

Seulement y a la vie

Seulement y a le temps

Et le moment fatal où le vilain mari

Tue le prince charmant

 

            (Nougaro, Une Petite Fille)

 

 

 

 

Ma théorie vaut ce qu’elle vaut

Mais je la tiens de mon vécu

Le corps de l’homme c’est trois niveaux

Le cerveau le cœur et le cul

 

Ce que je dis n’est pas nouveau

Et Freud en était convaincu

Le corps de l’homme c’est trois niveaux

Le cerveau le cœur et le cul

 

Je crois qu’entre ces trois rivaux

Le cerveau le cœur et le cul

C’est souvent le cul qui prévaut

Le cul le cul toujours le cul

 

                            (extrait de Le cerveau le cœur et le cul)

 

 

Attention

Ne prenez pas tout ce que j’écris

Au mot

Ni à la lettre

J’écris parfois ce qui me passe par la tête

Alors parfois Réflexion Fête

Les mots dépassent ma pensée

 

Les choses étant ce qu’elle sont

N’en tirez pas de hâtives leçons

 

 

Ali est né

Dans la folie

Depuis Ali

Est aliéné

 

Parfois il voit

Des choses étranges

Entend des voix

Qui le dérangent

 

Au saut du lit

Il fait son sot

Il fait son saut

Dans la folie

 

Il hallucine

A la seconde

Il imagine

Un autre monde

                                

Ali Ali

Est fou à lier

Et la folie

Son pire allié

 

Alors Ali

Se prend pour Dieu

Et pour le pape

Quand ça va mieux

 

            (Ali, juin 2000)

 

 

Pardon mille excuses

Je nie je récuse

Je le dis sans ruse

Je cherche des Muses

(Nougaro, Muses)

 

        

 

 

Ma Muse m’amuse

Quand elle ruse

Avec les mots

 

Même si elle use

Et même abuse

De jeux de mots

 

Moi je récuse

Ceux qui l’accusent

De tous les maux                                                           

 

 

Soir et matin

Hiver été

 

Pour la santé

De votre teint

Mettez du thym

Dans votre thé

 

Après avoir ôté

Le thym du thé

Goûtez ce thé

Teinté de thym

 

Et vous aurez

Le teint que vous souhaitez

Un teint de toute beauté

 

Certains diront même un… beau teint

Ça c’est certain

 

                   (Thé au Thym)

 

 

Il neige il neige sur Liège

Et la neige sur Liège

Pour neiger met des gants

(Brel, Il neige sur Liège)

 

Les mots faisant boule de neige

S’il neige encore sur Liège

Il neige maintenant sur… Gand

 

Décollant des collèges

Les enfants pris au piège

Sont tout belges et tout blancs

 

Et c’est un long cortège

De petits bonshommes de neige

Se mouvant dans le vent

 

      (Il neige maintenant sur Gand, 2006)

 

Moi quand j’écris

Je récupère les joies que j’avais

Quand j’étais enfant

 

C’est de l’enfance que les rêves de jeu… naissent

 

Aujourd’hui

Les mots ont remplacé

Les billes les balles et les ballons

Les bouts de bois les épingles les bouchons

 

J’écris encore

J’écris toujours

 

N’y voyez pas là d’exutoire

Ni même aucune échappatoire

Simplement le plaisir d’écrire

 

Ecrire

Pour conserver une part d’enfance