6 – DES MOTS DES VERS DES RIMES
Il y a pour vous jeunes gens toujours une guerre où partir
…Un monde à conquérir autrement que par le canon
Un monde où l’on peut appeler toutes les choses par leur nom
Un monde à la taille de l’homme et de sa violence
Où tous les mots de l’homme entre la vie et la mort ont choisi
Je réclame dans ce monde-là la place de la poésie…
(Aragon, Les Poètes, La nuit des jeunes gens VIII)
CHASSE A COURRE
mars 1995
A l’orée d’un bois
Un cerf aux abois
Boit dans un étang
Tant qu’il n’entend pas
A cent pas de là
Des chiens furieux haletants
Des chiens qui aboient
Des chiens qui accourent
Pour une chasse à courre
D’un autre temps
Des chiens sur ses traces
Des chiens qui le chassent
Sous un soleil éclatant
Comment être pour
Cet odieux parcours
Du cœur battant
Où le cerf luttant
Seul contre la meute
Seul contre le meurtre
Sort toujours perdant
Sourd au son du cor
Le cerf boit encore
Sans savoir que la mort l’attend
Une mort horrible
Une mort terrible
Mais se sauvera-t-il à temps
Avant sacrilège
D’être pris au piège
De ce cortège ambulant
Et qu’à bout de course
Les hommes à ses trousses
L’exécutent à bout portant
Quand l’étau se resserre
Que peut faire le cerf
Mourir au printemps
Mort contre nature
Contre une clôture
Mort d’épuisement
Honteuse parade
Odieuse mascarade
D’un temps révolu
Cynique spectacle
D’une bête qu’on traque
Et qui n’en peut plus
Y a pas de miracle
Au dernier obstacle
La bête s’est tue
Sans même que la horde
De chiens lui accorde
Le moindre salut
Comment être pour
Cet odieux parcours
Du cœur battant
Comment être pour
Cette chasse à courre
A court d’arguments
Un clou par ici
Un clou par là
Un clou pour ceci
Un clou pour cela
Un petit coup de ciseau
Un petit bout de bois
Un petit coup de marteau
Et pas sur les doigts
Ah
(Brel, Chanson de Cow-boy)
SAVEZ -VOUS PLANTER DES CLOUS
septembre 2003
Savez-vous planter des clous
A la mode à la mode
Savez-vous planter des clous
A la mode de chez nous
On les plante en faisant un trou
C’est commode c’est commode
Un trou plus grand que le clou
A la mode de chez nous
A chacun je vous l’avoue
Sa méthode sa méthode
Mais faut vraiment être fou
Pour les planter du genou
Même un peu marteau je crois
Par période par période
Pour les planter du genou
Sans même se servir de ses doigts
Savez-vous planter des clous
A la mode à la mode
Savez-vous planter des clous
A la mode de chez moi
Je me plante devant le clou
Qui me taraude qui me taraude
Je me plante devant le clou
Et je ne fais rien du tout
Car je ne vaux pas un clou
Pas commode pas commode
Car je ne vaux pas un clou
Pas commode d’être avec moi
Faire sortir le clou du bois
Qui s’érode qui s’érode
Faire sortir le clou du bois
Ca n’est pas non plus pour moi
Mais le clou de cette histoire
A la mode à la mode
Mais le clou de cette histoire
A la mode de chez nous
C’est qu’il vaut mieux un plantoir
C’est commode c’est commode
C’est qu’il vaut mieux un plantoir
Pour planter les choux de chez nous
La poésie c’est mon dada
Mon dada mon dada…
On peut me traiter de fada
De fêlé, de marteau
La poésie c’est mon dada…
Ma devise, mon credo
(Nougaro, Don Quichotte et Sancho)
LA PROCHAINE CANICULE
septembre 2003
Même si son dernier jour approche
Même si elle vit au ralenti
Même si elle s’agrippe elle s’accroche
Comme une mère à ses petits
Pousse pas mémère vers la sortie
Pousse pas mémère dans les orties
La pousser serait plutôt moche
Car si le choc n’est pas amorti
Il se pourrait que la mort la fauche
Allons allons ne sois pas ridicule
Pousse pas mémère vers la sortie
Attends plutôt la prochaine canicule
Là son départ est garanti
Même si son dernier souffle est proche
Même si sa fin est pressentie
Même si elle sent bien que ça cloche
Et que ça sent même le roussi
Pousse pas mémère vers la sortie
Pousse pas mémère dans les orties
Elle a plus d’un tour dans sa poche
Et son tour serait réussi
Si c’est toi qui tournes l’arme à gauche
Allons allons ne sois pas ridicule
Pousse pas mémère vers la sortie
Attends plutôt la prochaine canicule
Là son départ est garanti
Même si parfois elle décaroge
Si le temps qui lui est imparti
Au fil des secondes s’effiloche
Et qu’elle s’éteint petit à petit
Pousse pas mémère vers la sortie
Pousse pas mémère dans les orties
Ca coule de source comme de l’eau de roche
Quand tu la pousses tu te pousses aussi
Et ton heure aussi se rapproche
Je hais les haies
Qui sont des murs
Je hais les haies
Et les mûriers
Qui font la haie
Le long des murs
Je hais les haies
Qui sont de houx
Je hais les haies
Qu’elles soient de mûres
Qu’elles soient de houx
Je hais les murs
Qu’ils soient en dur
Qu’ils soient en mou
Je hais les haies
Qui nous emmurent
Je hais les haies
Qui sont en nous
(hommage à Devos, Matière à rire)
JE PRENDS MON PIED A FAIRE DES VERS
juin 2002
Moi je prends mon pied à faire des vers
Printemps été automne hiver
J’en fais depuis la nuit des temps
Si ça t’ennuie moi ça me détend
Et j’en ferai même en enfer
Quand je croiserai le fer avec Satan
Avec le diable ou Lucifer
Si Lucifer d’ailleurs m’attend
Moi je prends mon pied à faire des vers
J’en fais depuis que je suis né
En long en large et en travers
J’en fais à longueur de journée
Vers à l’endroit vers à l’envers
Prends donc un vers c’est ma tournée
Vers futiles et vers dérisoires
Vers utiles et vers accessoires
Moi je prends mon pied à faire des vers
J’espère au moins que ça se voie
Je persiste et je persévère
Depuis toujours dans cette voie
En vers en vers et contre tous
L’écriture est ma drogue douce
Je noircis des bouts de papier
A copier et à recopier
Sur des agendas quadrillés
Ou sur des pages de cahier
Des vers estampillés Lécaillé
Ciselés taillés et travaillés
Moi je prends mon pied à faire des vers
C’est un de mes plus grands bonheurs
Mais pour me tirer les vers du nez
Il faut se lever de bonne heure
Même quand j’ai un verre dans le nez
Même de bonne heure c’est pas gagné
Moi je prends mon pied à faire des vers
Printemps été automne hiver
Automne hiver printemps été
Je n’écris rien qui n’ait été
Déjà écrit seuls les mots changent
Et la façon dont on les range
Tout se tient et tout se mélange
Moi je prends mon pied à faire des vers
Sur les sujets les plus divers
J’écris sur le temps et l’espace
Sur les mystères de l’univers
Sur l’homme et sur la vie qui passe
Avec ses joies et ses revers
Mes idées ne sont pas nouvelles
Les thèmes abordés pas nouveaux
Rien de nouveau que je révèle
Pas de nouvelle à ce niveau
Je triture un peu ma cervelle
Je mixture un peu mon cerveau
Et lorsque les mots s’échevèlent
Je libère alors les chevaux
Je taquine la Muse plus qu’il ne faut
Je la séduis je la provoque
Je démêle parfois le vrai du faux
En suscitant les équivoques
Je ruse je m’amuse avec les mots
Et les mots fusent et s’entrechoquent
Ceux qui m’accusent de tous les maux
Je les excuse même s’ils s’en moquent
Moi je prends mon pied à faire des vers
J’en fais depuis l’âge de treize ans
Pour avoir très tôt découvert
Ami chemin chemin faisant
Aragon Baudelaire ou Prévert
Et j’en fais encore à présent
Et j’en ferai même en enfer
Quand je croiserai le fer avec Satan
Car c’est mon paradis d’en faire
Et ce à quoi le diable s’attend
Moi je prends mon pied à faire des vers
Je les aligne vers après vers
Petit verre des condamnés
Est-ce que c’est pour cette année
Le ciel déjà prend goût de terre
Puisqu’on est des morts sursitaires
Tous les calculs que nous ferons
Auront une balle en plein front
Savez-vous de qui sont ces vers
Ces vers sont signés Aragon
Soyez pour les miens moins sévères
Je suis loin d’être son second
A force d’aligner les vers
Un jour les vers m’aligneront
Quand je serai nu comme un ver
Au fond d’un trou d’un trou profond
Ils me troueront comme un fruit vert
Ils me rongeront jusqu’au trognon
Quand je serai six pieds sous terre
Plus silencieux et solitaire
Que l’est le ver du même nom
J’ai demandé la poésie au fond d’un verre
Et la soif ne m’est point passée
J’ai demandé la poésie à toutes les portes
On m’a dit Madame est sortie
(Aragon, Les Poètes)
Madame promène son cul sur les remparts de Varsovie
(Brel, Les Remparts de Varsovie)
Ami remplis mon verre
Encore un et je vas
Encore un et je vais
Non je ne pleure pas
Je chante et je suis gai
Mais j’ai mal d’être moi
(Brel, L’Ivrogne)
Je suis bourré bourré bourré de bonnes intentions
J’ai trouvé du boulot ho ! Marie-Christine
C’est sérieux j’ai balancé mon dictionnaire de rimes
Je n’écris plus de chansons, non, je travaille pour de bon
(Nougaro, Je suis sous)
J’ai retrouvé Titine
Que je ne trouvais plus
J’aimerais que vous la voyiez
Titine elle est en or
(Brel, Titine)
ROND
juin 2002
Moi je suis rond
Complètement rond
Rond comme une bille comme une queue de pelle
A ne plus savoir comment je m’appelle
Et baver des ronds de chapeau
En prêchant trop pour ma chapelle
Moi je suis rond
Complètement rond
A tenir la queue de la poêle
Et trouver la vie plutôt belle
Même si le monde ne tourne pas rond
Dieu que la vie peut être belle
Bien des êtres vous le diront
Même les âmes les plus rebelles
Dieu que la vie peut être belle
Moi je suis rond
Complètement rond
A vouloir te rouler une pelle
A t’en rouler même à la pelle
Et t’en rouler même de plus belles
J’attends vraiment que tu m’appelles
Je plie je plie
Mais jamais je ne romps
Même si parfois moi je chancelle
Je plante en ta faveur cet arbre de Cybèle
Ce pin, où les honneurs se liront tous les jours
J’ai gravé sur le tronc nos noms et nos amours
Qui croîtront à l’envi de l’écorce nouvelle
(Ronsard)
Moi je suis soûl pour pas un rond
Moi je suis rond pour pas un sou
Soûl comme un âne comme une bourrique
Comme une grive comme une tique
A rouler même dessous la table
Dans un état très lamentable
Et rouler même de plus belle
En attendant que tu m’appelles
Dieu que la vie peut être belle
Moi je suis plein
Plein comme un œuf
Et neuf tout neuf
Comme un sou neuf
Complètement soûl en dessous de tout
D’avoir trop bu bu comme un trou
A dire des trucs sans queue ni tête
Des trucs vraiment de rien du tout
Et à chanter même à tue tête
Ici et là et n’importe où
Dieu que la vie peut être belle
Plus belle encore quand tu m’appelles
Le vent dans tes cheveux blonds
Le soleil à l’horizon
Quelques mots d’une chanson
Que c’est beau c’est beau la vie
(Ferrat, C’est beau la vie)
Si tu veux mon avis, mon avis sur la vie
La vie ça serait marrant si y avait pas la vie
Qui vous coince toujours dans ses vallées de larmes
Si l’on en crevait pas la vie aurait du charme
La vie ça serait marrant si y avait pas la vie
(Nougaro, Je ne suis pas de mon avis)
La mer qui vient et puis qui va
La nuit qui fait gris tous les chats
Le jour qui traîne comme un chien
L’oiseau qui trouve son manger
A la barbe du boulanger
C’est la vie
(Ferré, C’est la vie)
J’aime la vie quand elle rime à quelque chose
J’aime les épines quand elles riment avec les roses
Rimons rimons tous les d eux
Rimons rimons si tu veux
Même si c’est pas des rimes riches
Arrimons-nous on s’en fiche
(Nougaro, Rimes)
Je parle à haute voix le langage des vers
Comme si je faisais l’essai de ma folie
D’où me vient ce goût puéril et pervers
D’où me viennent les mots que je lie et délie
(Aragon, Les Poètes)
Les mots divins, les mots en vain…
Les mots pour rire, les mots d’amour
…
Les mots bruissant comme des rameaux
Les mots ciselés comme des émaux…
Les mots bouclés, clés de l’espace
Les mots oiseaux qui laissent des traces
Les mots qui tuent, les mots qui muent…
Les mots pâlis, les mots salis…
Les mots divins, les mots devins
Les premiers mots
La fin des maux
(Nougaro, Les Mots)
…
Moi
Je voudrais des mots pour toi
Des mots que j’inventerai dans mes doigts
Des mots que je dirai peut-être
Comme un chien en baissant la tête
Je voudrais des mots qui taillent qui t’aillent
Droit dans le cœur comme une entaille
Je voudrais des mots à te faire envie
Des mots dont on ne s’est jamais servi
Je voudrais des mots qui te touchent
De près des mots que j’inventerai sur ta bouche
Je voudrais des mots silencieux
Aussi précieux que tes grands yeux
Je voudrais des mots que je sois seul à connaître
Des mots démodés pour me compromettre
Je voudrais des mots ferréiques
Des mots musique des mots magiques
Des mots d’émotion qui se créent
Dans des désirs plaisirs secrets
Je voudrais des mots des mots de passe
Ceux qu’on dit même vois-tu m’aimes à voix basse
Des mots comme tu voudras
Qui soient le sésame de tes draps
Je voudrais des mots pareils
A ceux de Léo qui dansent dans nos oreilles
Léo du Hurlement
Je voudrais des mots
…
(Des Mots, extrait de Légitime Défiance)
Des mots
Qui t’envahiraient comme la lumière
Des mots
Qui montent de la terre
Comme des oiseaux tristes
(Ferré, Des Mots)
Des mots oui des mots comme le nouveau Monde
Des mots venus de l’autre côté de la rive
(Ferré, Le Chien)
Tous les mots qui jamais ne viennent
Les mots qu’on remet à demain
De serrer ma main dans la tienne
Longuement simplement ma main
(Aragon, Le Roman inachevé)
Y a rien de plus qui ne me tienne
Que cet amour hors du commun
Je (te) dirai des mots d’amour
Des mots de rien de tous les jours
Les mots du pire et du meilleur
Et puis des mots venus d’ailleurs
Je (te) dirai que je t’aimais
(Ferré, L’Amour Fou)
Une nuit que j’étais peut-être
Un peu plus à toi que jamais
Et de moi-même un peu moins maître…
(Aragon, Le Fou d’Elsa)
Moi je t’ai dit que je t’aimais
Aimer à perdre la raison
Aimer à n’en savoir que dire
A n’avoir que toi d’horizon
Et ne connaître de saison
Que par la douleur du partir
(Aragon, Le Fou d’Elsa)
Aimer jusqu’à la déchirure
Aimer même trop même mal
(Brel, La Quête)
Les mots d’amour c’est comme les fleurs
Ca ne se cueille qu’une fois
Je t’aime un peu de tout mon coeur
Et je m’effeuille entre tes doigts
(Ferré, La Fleur de l’Age)
Les mots que nous avons cueillis
Les voici pour celui qui meurt
Passent les gens et tu demeures
O Poète de mon pays
(Aragon, Les Poètes)
Un poète est celui qui fait des poèmes
Un poème a la forme que prend la poésie
Mais qu’est-ce que c’est qu’est-ce que c’est la poésie
Cette chose en moi cette chose en dehors de moi
(Aragon, Les Poètes, Ce que dit le troisième)
Le poème est en moi comme une pitié sage
Qui relate l’amour d’un prochain de hasard
(Ferré, Les Mendiants d’Avoine)
On cherchait un abri sous l’orage qui cogne
Le ciel pleuvait des larmes, tu pleurais de la pluie
Pas l’ombre d’un palais, pas même un hôtel borgne
Allons donc chez le diable ! Il n’était pas chez lui
O Eve, Eve, mon petit
Te souviens-tu du paradis
(Nougaro, Le Paradis)
Un petit coin de parapluie
Contre un coin de paradis,
Elle avait quelque chose d’un ange
Un petit coin de paradis
Contre un coin de parapluie
Je ne perdrais pas au change, pardi
(Brassens, Le Parapluie)
Vive l’Alexandrin
…
Sois sage ô ma douleur et tiens-toi plus tranquille »
Fais couler de mes yeux quelques larmes fertiles
Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes
La bête aux douze pieds qui marche sur la tête
(Nougaro, Vive l’Alexandrin)
On sourira de nous pour le meilleur de l’âme
On sourira de nous d’avoir aimé la flamme
Au point d’en devenir nous-mêmes l’aliment
Et comme il est facile après coup de conclure
Contre la main brûlée en voyant la brûlure
On sourira de nous pour notre dévouement
(Aragon, Le Roman inachevé)
Le jeune homme harassé déchirait ses cheveux
Le jeune homme hérissé arrachait sa chemise :
«Camarade ma peau est-elle encore de mise
Et dedans mon cœur seul ne fait-il pas vieux jeu ? »
(Nougaro, Paris Mai)
Aux anges de Cocteau elle avait pris des airs
Fontaine jaillissant au plus sec du désert
(Nougaro, Cote d’Azur)
Mon caveau de famille hélas n’est pas tout neuf
Vulgairement parlant il est plein comme un œuf
Et d’ici que quelqu’un n’en sorte
Il risque de se faire tard et je ne peux
Dire à ces braves gens poussez vous donc un peu
Place aux jeunes en quelque sorte
(Brassens, Supplique…)
J’en appelle à la mort, je l’attends sans frayeur,
Je ne tiens plus à la vie, je cherche un fossoyeur
Qui aurait une tombe à vendre à n’importe quel prix :
J’ai surpris ma maîtresse au bras de son mari,
Ma maîtresse, la traîtresse !
…
Où donc avais-je les yeux ? Quoi donc avais-je dedans ?
Pour pas m’être aperçu depuis un certain temps
Que quand elle m’embrassait, elle semblait moins goulue
Et faisait des enfants qui ne me ressemblaient plus.
Ma maîtresse, la traîtresse !
(Brassens, La Traîtresse)
Comme elle n’aime pas beaucoup la solitude,
Cependant que je pêche et que je m’ennoblis,
Ma femme sacrifie à sa vieille habitude
De faire à tout venant les honneurs de mon lit…
Partagé sa moitié, est-ce que cela comporte
Que l’on partage aussi la chère et la boisson ?
Je suis presque obligé de les mettre à la porte,
Et bien content s’ils n’emportent pas mes poissons…
(Brassens, Le Cocu)
Misogynie à part, le sage avait raison
Il y a les emmerdantes on en trouve à foison
En foule elles se pressent
Il y a les emmerdeuses, un peu plus raffinées
Et puis, très nettement, au-dessus du panier,
Y a les emmerderesses
La mienne, à elle seule, sur toutes surenchérit
Elle relève à la fois des trois catégories
(Brassens, Misogynie à part)
Avec Brassens
La rime est très
Millimétrée
En quoi vraiment est-ce un poète…
Etrange appellation non contrôlée…
L’âne
C’est un poète vous voyez bien que c’est un poète
D’une poésie absolument amicale un jeune chien de poète
…
(Aragon, Les Poètes)
JE NE SUIS PAS POETE
mai 2004
La Terre est bleue comme une orange
Le poète est un être étrange
Qui voit le monde comme ça l’arrange
Moi je ne suis pas poète
J’écris des textes
Des textes à lire et à chanter
Le poète c’est celui qui change
Un trait de lumière en trait d’esprit
Un coup de maître en coup de génie
Un grain de beauté en grain de folie
Le poète veille au grain
Prend sa part de chagrin
Moi je ne veille sur rien
Je vis je lis j’écris
Je pleure je râle je ris
Je chiale je gueule je crie
Cris de joie ou cris de colère
Les pieds sur terre la tête en l’air
Je vague-à-l’âme je vagabonde
En posant mes yeux sur le monde
…
Le poète est un être étrange
Un petit piaf entre deux mésanges
Qui entend rire parfois des anges
Moi je ne suis pas poète
J’écris des textes
Des textes à lire et à chanter
Le poète est un être étrange
Tu lui poses un…
Lapin
Il te soulève
Un… lièvre
Le poète c’est celui qui change
Un coin de parapluie
En coin de paradis
Une étincelle en incendie
Avec un brin de fantaisie
Avec un brin de poésie
En poésie la grâce la classe
C’est le bon mot à la bonne place
Moi ma place
J’essaie de la prendre comme je peux
Dans cette vie qui passe
Inexorablement
Irrémédiablement
Je limite la casse
Je fais ce que je peux
Et parfois je peux peu
…
Je vais je vas je viens
Je vois j’entends j’écoute
Je ne suis sûr de rien
Je crois je crains je doute
Et quand je ne sais pas
Je donne ma langue au chat
A force de la donner
J’ai un chat dans la gorge
Faut pas s’en étonner
…
J’apprends j’aspire j’espère
Je joue je gagne je perds
…
Y en a qui meurent d’envie de vivre une autre vie
Et qui baissent les bras sous le poids des contraintes
Et qui crèvent à petit feu pour avoir trop suivi
Les chemins de l’ennui et des nuits sans étreinte
Y en qui trouvent toujours le moyen de se punir
En sachant bien pourtant que l’avenir va mal finir
…
Moi
Je vais je viens je vis
J’assouvis mes envies
A pleines mains
A pleine bouche
Ici et maintenant
Je l’aime je lorgne je louche
J’effleure je frôle je touche
Et parfois je fais mouche
Impératif présent
Je dors je bois je mange
Je vis je meurs je change
Enfin je me transforme
…
Je suis ce que je suis
Par la force des choses
Je fuis ceux qui m’ennuient
Et ce qui m’indispose
…
Le poète est un être étrange
Souvent à la marge à la frange
« L’étrange est que par la faveur d’une attente, d’un regard ou d’un rire- nous accédions parfois à ce huitième jour, qui commence et ne s’épuise en aucun temps. C’est dans l’espérance de telles choses que je vis, et c’est sous cette lumière que j’écris, goûtant à la beauté des jours qui s’en vont. (Bobin, Le Huitième Jour)
Le poète n’est pas toujours celui qu’on croit
CHASSEUR DE RIMES
avril 2004
Pour moi tout est prétexte à textes
La vie la mort l’amour le sexe…
La rime en prime comme un réflexe
Alors je lime
Et je limaille
Alors je rime
Et je rimaille
Mots en pagaille
Marmaille de mots
Qui se chamaillent
Dans mon cerveau
Maille après maille
Mot après mot
Vaille que vaille
Coûte que coûte
Taille après taille
Coupe après coupe
Maître queux ou maître-tailleur
Je taille je taille avec passion
Même si l’essentiel est ailleurs
C’est ma plus saine occupation
…
J’ai du cirage blond
Quand les blés vont blêmir
De la glace à façon
Pour glacer les soupirs
Des lèvres pour baiser
Les aubes dévêtues
Quand le givre est passé
Avec ses doigts pointus
J’ai tant d’azur dans l’âme
Qu’on n’y voit que du bleu
Quand le rouge m’enflamme
C’est moi qui suis le feu
(Ferré, La Poésie)
…
Où faut-il qu’on aille
Pour changer de paille
Si l’on est le feu
A moins qu’il ne faille
Si l’on est la paille
Fuir avec le feu
(Aragon, Le Roman inachevé)
…
C’est une fille de joie
Qui allume un feu de paille
C’est un homme de paille
Qui allume un feu de joie
…
Quand tout est consumé
Tout parti en fumée
A quoi sert-il Madame
De ranimer la flamme
A quoi sert-il Monsieur
De rallumer le feu
Il faut se rendre à l’é-
Vidence et s’en aller
…
Je ne dis pas qu’il faille
Ne pas trouver le faux
Je dis surtout qu’il faut
Ne pas chercher la faille
…
Chercher le rythme
Trouver le son
Moi je m’exprime
A ma façon
Avec des rimes
Et des chansons
Je trame je trime
Je lame je lime
Je rame je rime
Avec passion
C’est ma plus belle occupation
…
L’élégant
Met les gants
L’arrogant
N’en prend pas
…
Un canard
Se marre
Dans l’étang
Un canard
S’étend
Dans la mare
…
Tu salues : t’es poli !
Tu salis : tu pollues !
…
Cet automne
Je me suis endetté
En empruntant
A taux… divers
(Les Quatre Saisons)
…
Un Prévert : des prévôts !
Un Queneau : des quenelles !
Un Cocteau : des cocktails !
Un Rimbaud : des rebelles !
…
Rimbaud
Rebelle
Préfère
Se faire
La belle
Que faire
Le beau
Rimbaud
Rebelle
Manque à l’appel
Quand il le faut
Rimbaud
Rebelle
Fuit le troupeau
Quand le troupeau
Tout heureux… bêle
…
Les hommes sont faits nous dit-on
Pour vivre en bandes comme les moutons
Moi je vis seul et c’est pas demain
Que je suivrai leur droit chemin
(Brassens, La Mauvaise Herbe)
…
Moi pas doux doux rêveur
Moi pas mouton suiveur
Sympa
Moi pas être dans la ronde
Pas marcher comme tout le monde
Au pas
Moi quitter le navire
Moi pas vouloir servir
D’appât
Pas prendre les chemins qui mènent
A Rome pas dire Amen
Moi pas
(extrait de Rien à perdre, 1986)
…
Au village sans prétention
J’ai mauvaise réputation
Que je me démène ou que je reste coi
Je passe pour un je-ne-sais-quoi
Je ne fais pourtant de tort à personne
En suivant les chemins qui ne mènent pas à Rome
Mais les braves gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux
(Brassens, La Mauvaise Réputation)
…
Ce n’est pas parce que
Tout le monde est d’accord que tout le monde a raison
Tout le monde peut avoir tort et moi tout seul raison
(extrait de A tort ou à raison)
…
Les prêcheurs de vertu
Les donneurs de leçons
Les qui sont convaincu
D’avoir toujours raison
Les «y a qu’à» les «faut qu’on»
Les vrais cons les faux culs
Ça court les rues
(extrait de Ca court les rues) [1]
…
Le condescendant descend des cons
C’est incontestable
…
Et de légions d’honneur
En donneurs de leçons
Ils sont vraiment légion
Les marchands de bonheur
Les marchands d’illusion
Qui jouent les arnaqueurs
A la moindre occasion
…
Je rime je rime au quotidien
Et si rimer ne rime à rien
Moi je rime et ça me fait du bien
…
C’est la ruée
Dans les rues et
Sur les trottoirs
Car chacun veut
Ecrire un peu
De cette histoire
Le bras levé
Faire le V
De la victoire
(extrait de Mai 68)
…
On a fait 68 pour ne pas devenir ce que nous sommes devenus (Wolinski, Mes Aveux)
…
Je ris tu ris nous rîmes
Pour le plaisir je rime
Est-ce un mal est-ce un crime
…
Moi je suis dans tous mes états
Dans un état plutôt statique
Etat stationnaire et critique
Un état même de mort clinique
Dans un triste état général
Etat second état final
Peut-être en phase terminale
Voyez voyez le résultat…
(extrait de Drôle d’état)
…
Couci-couça
Cahin-caha
A petit feu
A petit pas
La vie s’en vient
La vie s’en va
Et peu à peu
Et pas à pas
On devient vieux
Et à Dieu vat
(extrait de La vie s’en va)
…
Mourir cela n’est rien
Mourir la belle affaire
Mais vieillir…ô vieillir
(Brel, Vieillir)
…
Je rime je rime je rime
C’est la façon dont je m’exprime
Pour ceux qui ne pensent qu’à citer
Faut viser l’efficacité
Rien ne m’arrête
Pas même la cigarette
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Celui qui fume pense plus à la santé de l’Etat qu’à l’état de sa santé
Le goudron n’est pas le meilleur produit d’entretien pour les poumons
Le meilleur moyen d’arrêter de fumer c’est de ne pas commencer
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Dis-le moi si je mens
Mais je sens qu’on t’a miné
Avec le jugement
Du sang contaminé
…
Traquer la rime et la guetter
Avec plaisir envie gaîté
Ce défi-là peut m’exciter
…
Trop poli pour être honnête
Trop poète pour être honni
Trop Annie pour être Annette
Trop aneth pour être anis
(extrait de Trop poli pour être honnête)
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Qui bâte la bête la monte
Qui monte la bête la botte
Qui botte la bête la bute
Qui bute la bête la bloque
Qui bloque la bête la braque
Qui braque la bête a tort
Car quand la bête s’entête
C’est l’homme qu’elle embête
(extrait de Qui bâte la bête la monte)
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Conjugaison belge pour les petits
Vous m’épatâtes
Vous vous offrîtes !
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Conjugaison belge pour les plus grands
Vous m’épatâtes
Vous vous offrîtes
Comme vous pûtes !
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Je rime je rime je rime
Est-ce un mal est-ce un crime
Quand ça me plaît j’imprime
…
Un lézard fuit sur la terrasse
Le chaud soleil qui nous harasse
Mais quand retrouverai-je Arras
Son haut beffroi et ses deux Places
Un jeune serveur débarrasse
La table basse et la nettoie
Mais quand retrouverai-je Arras
Les vertes collines d’Artois
Je suis vraiment trop loin de toi
Un chien dont j’ignore la race
Poursuit une chienne à la trace
Mais quand retrouverai-je Arras
Son beau beffroi et ses deux Places
Un lézard cuit sous sa cuirasse
Un autre grimpe sur un toit
Mais quand retrouverai-je Arras
Les gens des champs et leur patois
Je suis vraiment trop loin de toi
(Arras, juillet 1980)
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Rimes pauvres ou bien rimes riches
A la césure à l’hémistiche
Arrimons-nous deux on s’en fiche
…
Le lâche
Se cache
Le riche
S’affiche
Moi je me lâche
Et tu t’en fiches
…
J’ai les yeux grands ouverts
Devant tes yeux tout ronds
Sont-ils marron ou verts
Sont-ils verts ou marron
…
Mine de rien
Rien qu’à ta mine
Je sais très bien
Si tu vas bien
Ou bien si un
Petit rien te mine
Parfois pour rien
Pour trois fois rien
Tu fais grise mine
Et y a plus rien
Rien qui te grise
Et t’illumine
(extrait de Mine de rien)
…
Faut être pris pour être appris
Et tel est pris qui croyait prendre
En l’apprenant t’en paies le prix
Ce qu’il faut de temps pour comprendre
(extrait de Faut être pris pour être appris)
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Au train où vont les choses
Les choses sont en train
De virer à l’eau de rose
Je veux dire en eau de boudin
Tu n’y peux pas grand-chose
Tu mets de l’eau dans ton vin
Elle de l’huile sur le feu
Et de l’eau à ton moulin
Mais c’est pas ce que tu veux
Tu souhaitais autre chose
(extrait de Au train où vont les choses)
…
T’es sur la corde raide
Sur le fil du rasoir
Croire le contraire est illusoire
Et je crains que la corde cède
A la moindre tension
Faut que tu fasses attention
(extrait de Corde raide)
…
Est-ce un présage un mauvais signe
Peut-être un mauvais coup du sort
Mais je sens bien que ce chant du cygne
Signe-là ton arrêt de mort
(extrait de Le chant du cygne)
…
L’amour rend aveugle ça crève les yeux
Et toi tu n’y vois que du feu
…
Même si l’amour
Parfois te baise
L’amour du pèze
Ne pèse pas lourd
Devant l’amour
Ne t’en déplaise
…
Cœur léger cœur changeant cœur lourd
Le temps de rêver est bien court
Que faut-il faire de mes jours
Que faut-il faire de mes nuits
Je n’avais amour ni demeure
Nulle part où je vive ou meure
Je passais comme la rumeur
Je m’endormais comme le bruit
(Aragon, Le Roman inachevé)
…
Tu sais
J’ai beau lever le pied
Et faire un pied de nez
A ceux qui tirent leur nez
De me voir prendre mon pied
Quand je lève trop mon verre
Et que j’ai un verre dans le nez
Celui qui sait y faire
Me les tire du nez
Je veux parler de mes vers
Vous aviez deviné
…
Bris de vers et de glace
Et de glace en hiver
Et bruit de verre qu’on casse
Pour un mot de travers
Et bras d’honneur qu’on fait
Quand y a plus rien à faire
Que faire ce que l’on fait
Après maints bras de fer
Bris de vers et de glace
Et de glace en hiver
Et bruit de verre qu’on casse
Pour des motifs divers
Et bras d’honneur qu’on fait
Quand y a plus rien à faire
Que de faire de l’effet
Pour se tirer d’affaire
(Bris de Vers, avril 2000)
…
Des porte-serviettes
Aux porte-savons
Des portes-fenêtres
Aux portillons
Des portemanteaux
Aux porte-crayons
Des porte-drapeaux
Aux porte-avions
Ce sont toujours les mêmes qui portent
Les mêmes qui portent et qui supportent
Y en a qui portent plus qu’il ne faut
Moi je suis passé par une belle porte
Car moins je porte mieux je me porte
Tant pis si je suis… en porte-à-faux
(extrait de Porte-à-faux)
…
C’est bof c’est but c’est bite c’est bête
C’est fesse c’est foot c’est frites c’est fête
Ca pue ça pousse ça pisse ça pète
C’est con c’est cul c’est quoi c’est… mec
…
Le travail ça m’use
Moi je préfère vraiment
Taquiner la muse
Y a que ça qui m’amuse
Ma muse réellement
(extrait de Le travail ça m’use)
…
Au petit jour
Sur le chemin
Des maraîchers
A Achicourt
Moi je t’ai vu
Lui faire la cour
A mi-chemin
Chemin faisant
Faisant du chemin
T’as pris sa main
A mi-parcours
T’as coupé court
A tout discours
Et fait l’amour
T’as fait l’amour
Et c’est humain
A mi-parcours
A mi-chemin
A mi-chemin
A mi-parcours
T’as fais l’amour
Et c’était bien…
(extrait de A mi-chemin)
…
En amour l’éternité c’est court
Ça peut durer l’espace d’un jour
…
Toi tu me tentes
Mais dans l’attente
Je ronge mon frein
C’est en amour
Comme toujours
Le même refrain
Les mêmes désirs
Les mêmes plaisirs
Les mêmes chagrins
Grain de folie
Pour toute la vie
Ou bien pour rien
(extrait de Grain de Folie)
…
Quand on aime c’est pour tout ou rien
C’est jamais tout c’est jamais rien
Ce rien qui fait sonner la vie
Comme un réveil au coin du lit
(Ferré, Vingt ans)
…
Seulement y a la vie
Seulement y a le temps
Et le moment fatal où le vilain mari
Tue le prince charmant
(Nougaro, Une Petite Fille)
…
Ma théorie vaut ce qu’elle vaut
Mais je la tiens de mon vécu
Le corps de l’homme c’est trois niveaux
Le cerveau le cœur et le cul
Ce que je dis n’est pas nouveau
Et Freud en était convaincu
Le corps de l’homme c’est trois niveaux
Le cerveau le cœur et le cul
Je crois qu’entre ces trois rivaux
Le cerveau le cœur et le cul
C’est souvent le cul qui prévaut
Le cul le cul toujours le cul
(extrait de Le cerveau le cœur et le cul)
…
Attention
Ne prenez pas tout ce que j’écris
Au mot
Ni à la lettre
J’écris parfois ce qui me passe par la tête
Alors parfois Réflexion Fête
Les mots dépassent ma pensée
Les choses étant ce qu’elle sont
N’en tirez pas de hâtives leçons
…
Ali est né
Dans la folie
Depuis Ali
Est aliéné
Parfois il voit
Des choses étranges
Entend des voix
Qui le dérangent
Au saut du lit
Il fait son sot
Il fait son saut
Dans la folie
Il hallucine
A la seconde
Il imagine
Un autre monde
Ali Ali
Est fou à lier
Et la folie
Son pire allié
Alors Ali
Se prend pour Dieu
Et pour le pape
Quand ça va mieux
(Ali, juin 2000)
…
Pardon mille excuses
Je nie je récuse
Je le dis sans ruse
Je cherche des Muses
(Nougaro, Muses)
…
Ma Muse m’amuse
Quand elle ruse
Avec les mots
Même si elle use
Et même abuse
De jeux de mots
Moi je récuse
Ceux qui l’accusent
De tous les maux
…
Soir et matin
Hiver été
Pour la santé
De votre teint
Mettez du thym
Dans votre thé
Après avoir ôté
Le thym du thé
Goûtez ce thé
Teinté de thym
Et vous aurez
Le teint que vous souhaitez
Un teint de toute beauté
Certains diront même un… beau teint
Ça c’est certain
(Thé au Thym)
…
Il neige il neige sur Liège
Et la neige sur Liège
Pour neiger met des gants
(Brel, Il neige sur Liège)
Les mots faisant boule de neige
S’il neige encore sur Liège
Il neige maintenant sur… Gand
Décollant des collèges
Les enfants pris au piège
Sont tout belges et tout blancs
Et c’est un long cortège
De petits bonshommes de neige
Se mouvant dans le vent
(Il neige maintenant sur Gand, 2006)
…
Moi quand j’écris
Je récupère les joies que j’avais
Quand j’étais enfant
C’est de l’enfance que les rêves de jeu… naissent
Aujourd’hui
Les mots ont remplacé
Les billes les balles et les ballons
Les bouts de bois les épingles les bouchons
J’écris encore
J’écris toujours
N’y voyez pas là d’exutoire
Ni même aucune échappatoire
Simplement le plaisir d’écrire
Ecrire
Pour conserver une part d’enfance